Tandis qu’au sud, après la mort du roi Targon, le pays d’Aris connaissait depuis quelques années une période de troubles, ce fut au tour des royaumes du nord de faire face aux plus grandes difficultés de leur histoire. Car à l’est, au cœur des régions montagneuses du Kark-Barhi, les clans Orcs s’étaient réunis et avait formé une armée. Un armée puissante et organisée…
On ignore toujours comment ces clans de barbares, renommés pour leurs conflits incessants, ont pu ainsi s’unir et marcher ensemble. Peut-être sous l’impulsion d’un de ces chefs de guerre, plus charismatique que les autres, qui commandaient la horde ? Peut-être avec l’aide de ces étranges sorciers aux toges noires qui les accompagnaient ?
Personne ne put le découvrir. Mais si les seigneurs humains et leurs chevaliers avaient toujours pu repousser aisément les incursions des bandes de pillards Orcs, ils ne purent cette fois faire face à ces armées en marche, équipées de machines de guerre, et accompagnées de sorciers à la magie puissante et destructrice…
Les armées Orcs descendirent des monts sauvages et commencèrent par envahir l’Almérie. Ses premiers défenseurs furent balayés et taillés en pièce. Châteaux et villes furent ensuite assiégées. Les Almérians n’eurent d’autres choix que de battre en retraite et leurs seigneurs se rassemblèrent à Alménor, la capitale, pour se joindre à l’armée du roi Duncan.
Pendant ce temps les armées Orcs se divisèrent en trois groupes. Le plus gros de leurs troupes marcha sur Alménor, tandis que d’autres troupes ravagèrent les campagnes du nord, et harcelèrent les villes des royaumes voisins. D’autres encore bifurquèrent vers le sud et traversèrent le massif des ombres, pillant tout ce qu’il trouvaient sur leur passage.
Le roi Duncan mit ce temps à profit pour rassembler la plus grande armée jamais vue dans son royaume, et organiser les défenses de sa cité. Ce ne fut hélas pas suffisant…
Les Almérians s’opposèrent aux Orcs devant les murailles d’Alménor, mais les mages noirs déchaînèrent sur eux un feu destructeur qui donna l’avantage à leurs alliés Orcs. Les humains furent repoussés dans la ville, puis assiégés. La situation empira trois jours plus tard lorsque les troupes Orcs du nord cessèrent de s’en prendre aux frontières des royaumes voisins pour redescendre sur Alménor. Les troupes du sud, qui avaient un temps menacé les colonies des nains, au nord de la dent du Dragon, ne poussèrent pas plus loin jusqu’au pays d’Aris. Elles reprirent le chemin du nord et vinrent également s’ajouter aux assiégeants. Dès lors, la situation devenait désespérée…
Duncan et ses plus fidèles vassaux écrivirent alors une des pages les plus héroïques de l’histoire d’Alménor, en rassemblant une troupe composée de l’élite de leurs chevaliers. Ils sortirent de la ville à l’aube du septième jour de siège, tous montés sur de fiers destriers harnachés à leurs couleurs, et chargèrent en masse des assiégeants plus de vingt fois supérieurs en nombre.
Ils balayèrent les premières lignes de défense et poursuivirent jusqu’au cœur du campement des armées Orc. Surpris par cette tentative audacieuse, les Orcs ne purent les empêcher d’arriver jusqu’aux abris des mages et des seigneurs de guerre. Une bataille s’engagea et il y eut peu d’éclairs et de boules de feu. Ceux qui observaient la bataille depuis les murailles surent alors que le roi Duncan avait réussi à terrasser les mages !
Il ne restait plus aux chevaliers d’Alménor qu’à éliminer les seigneurs de guerre Orcs. On espérait qu’une fois décapitée de son commandement, la horde des Orcs du Kark-barhi serait désorganisée, et plus facilement repoussée. Hélas, ce n’est pas ainsi que les choses se déroulèrent…
La bataille faisait rage. Autour de leur roi, les chevaliers d’Almérie résistaient et étaient venus à bout de la plupart des seigneurs de guerre Orcs. Mais ils étaient désormais encerclés et en grand péril. Et alors qu’ils étaient si proches de leur but leur destin fut définitivement scellé lorsque les troupes Orcs qui campaient au nord et au sud de la ville se mirent en branle et vinrent s’ajouter aux rangs des combattants.
Sur les remparts de la ville, les Almérians assistèrent impuissants à l’évolution des combats. Leur roi et leurs seigneurs étaient perdus…
Et tandis qu’à l’est, devant les murailles de la cité, le Roi et les seigneurs d’Almérie résistèrent le plus longtemps possible, à l’ouest on appliqua la deuxième partie des plans du roi Duncan. On ouvrit la porte et les habitants d’Alménor fuirent la ville, encadrés par les soldats de l’armée royale et les quelques seigneurs qui n’avaient pas participé à la bataille.
La curée dura suffisamment longtemps. Et bien que les fuyards furent rapidement repérés, les quelques bandes d’Orcs qui étaient restées de ce côté de la ville n’osèrent pas s’en approcher. Le sacrifice du roi Duncan et des seigneurs d’Almérie leur permettait au moins de fuir suffisamment loin…
Après être venu à bout du dernier des chevalier, les Orcs lancèrent des cris de victoires qui résonnèrent sur la plaine. Puis ils entrèrent dans la ville et la pillèrent. A l’ouest, les habitants assistèrent à la mise à sac et à la destruction de leur belle cité. Rapidement, des volutes de fumées s’élevèrent au dessus des toits du palais, et plus tard, les lueurs de l’incendie illuminèrent longtemps la nuit…
Duncan et ses braves étaient tombés. Mais ils permirent aux habitants d’Alménor de rejoindre le sud et prévenir leurs compatriotes. Alménor réduite en cendres, plus rien ne put s’opposer à l’avancée des armées Orcs. Une a une, les villes d’Almérie furent désertées et tout le royaume tomba aux mains des barbares.
Quelques Almérians avaient fuit au nord et à l’ouest, vers les royaumes voisins. Mais la plupart, et notamment tous les habitants d’Alménor, connurent une éprouvante traversée du massif des ombres jusqu’au pays d’Aris. Parvenus là, ils se dispersèrent et chacun tenta sa chance dans l’une ou l’autre des villes du vieux pays. Nombreux émigrèrent à Tanoth. Les autres cherchèrent dans le nord du pays un endroit prêt à les accueillir, et où ils commencèrent leur nouvelle vie de réfugiés…
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