Un passé mouvementé

Par delà les Montagnes de l'Ombre, dans le Royaume Interdit, existait un petit village fermier, nommé Kazabat. Ses habitants paisibles vivait la peur au ventre. De leur tour de guet, ils pouvaient apercevoir des colonnes de fumée s'élever à des kilomètres de chez eux. Des hordes de barbares, détruisant tout sur leur passage, ravageaient le pays. Jusqu'ici ces derniers n'avaient pas encore trouvé trace de Kazabat, ses habitants faisant attention à ne jamais laisser de feu allumé une fois l'obscurité venue, jusqu'à une nuit funeste.
Cette lune là, un veilleur distrait oublia d'éteindre la lanterne de la tour de guet qui pouvait être visible à des kilomètres à la ronde. La conséquence ne se fit pas attendre. Quelques heures plus tard les habitants furent réveillés par des tambours sourds, encore lointains mais si proches en même temps. La panique gagna tout le village. Les adultes chargeaient les carrioles pendant que les enfants sortaient et préparaient les mules. En à peine une heure, un long cortège de réfugiés sortit et s'éloigna du village. Ils avaient réussi à fuir.
Mais un évènement vint troubler une petite famille, dont le père, Angmar, était le meilleur soldat du village. Leur plus jeune enfant, Glaurung, n'était pas dans la charrette. Angmar regarda sa femme d'un regard à la fois profond et inquiet, sauta en dehors de l'attelage puis courut en direction du village aussi vite qu'il le put. Ils n'avaient parcouru qu'un petit kilomètre.
Arrivant dans le bourg désert, Angmar fut prit d'une peur subite. Il n'entendait plus les tambours. Étaient-ils déjà là ? Courant vers sa chaumière, il croisa au détour d'une petite ruelle un homme, petit, barbu et portant une lourde masse. Leurs regards se croisèrent. Puis dégainant son épée, Angmar se rua sur le bandit et le transperça de sa lame. Il reprit sa course, puis arrivant chez lui, il défonça la porte. Voyant le petit Glaurung resté dans son lit, il le prit et le mit dans son sac en bandoulière. Une fois revenu dehors, il vit au bout de la rue des centaines d'hommes, armés de torches, brûlant tout. Il s'échappa discrètement vers les écuries, espérant voir si quelque monture n'y était pas resté dans la précipitation. Son prière fut entendue, car il y trouva un cheval déjà harnaché. Il monta dessus et sortit du village au galop, reprenant la direction dans laquelle les réfugiés étaient partis.


Cela faisait plusieurs jours qu'il errait seul. Il s'était rendu compte qu'il avait prit une mauvaise route, trop à l'ouest. Ne pouvant se résigner à changer de chemin, il continua à avancer vers la Dent du Dragon, pic volcanique, réputé pour abriter une population de nains. Passé les Montagnes de l'Ombre, Glaurung ainsi que le cheval commencèrent à réclamer plus ou moins à boire et à manger. Bénédiction, Angmar trouva un ruisseau près d'un bosquet d'arbustes. Il cueillît les petites baies, et les donna son fils, pendant que sa monture se désaltérait en buvant l'eau de la petite rivière.
Soudain, il entendit un bruit derrière lui. Un buisson avait remué. Sortant calmement son épée de son fourreau, il se retourna et s'avança vers la végétation suspecte. Une horrible créature des marais en jaillit. Les coups acharnés qu'Angmar portait à la bête ne semblait point ébranler celle ci. Elle se rua sur lui, le renversa au sol, et lui asséna un coup au flanc. Malgré la douleur atroce provoquée par cette attaque, Angmar saisit l'occasion et transperça la créature qui s'était détachée de lui. Mais son coup n'eut aucun effet. Regardant le démon dans les yeux, il s'apprêtait à recevoir le coup fatal lorsqu'une lumière rouge jaillit de sa gauche et frappa la bête qui roula au sol, brûlant comme une vulgaire botte de paille.
Avec le peu de force qui lui restait, Angmar se redressa et vit s'avancer vers lui un homme, vêtu d'une sombre cape. Ce dernier s'agenouilla près de lui et regarda sa blessure. Il avait une profonde entaille au flanc, qui prenait une sale couleur verte.

- Vous avez été empoisonné par cette chose, lui dit froidement l'inconnu. Je ne pense pas pouvoir vous guérir cher ami.

Angmar sentant la vie le quitter peu à peu, prononça ses dernières paroles.

- Occupez-vous... de... de mon fils... Glaurung... je vous en prie.

Il s'affaissa sur l'herbe, et mourut les yeux fixés sur l'inconnu qui l'avait sauvé d'une mort plus brutale. Ce dernier se releva et regarda autour de lui. Il trouva le petit Glaurung en train de dormir aux pieds du cheval, dans son sac bandoulière. Il le prit et l'installa autour de son épaule, puis ramassa l'épée d'Angmar, et repartit sur la monture de là où il était venu.



Des années plus tard, Glaurung, maîtrisait l'art du combat à l'épée ainsi que quelques bribes de magie, et était entré dans l'ordre de la Croix Noire, doctrine chevaleresque, dirigé par l'inconnu. Ce dernier lui avait révélé comment il l'avait trouvé et d'où il venait.
Une fois suffisamment aguerri, il partit de son foyer du Massif des Nains, emportant l'épée de son père.
S'arrêtant tantôt dans une taverne, combattant tantôt dans des forêts denses, il rôdait désormais dans le pays de Tanoth, tuant les bandits et les diverses créatures qui croisaient son chemin, servant de mystérieux hommes en quête d'or. Il était craint dans tout la région de Tarabat pour sa rapidité et ses techniques de combat aériennes et puissantes. Nombre de valeureux chevaliers craignaient de le rencontrer lors des joutes organisées dans la ville. Mais cette aura ne le satisfaisait pas.

Il ne cessait de se répéter " Père serait fier de moi ".







Arrivé dans sa 40è année, où les Nordiques acquièrent une force supplémentaire, sa manière de combattre était devenue plus lourde et plus puissante à la fois. Il restait néanmoins extrêmement agile.
Un soir, alors qu'il buvait dans une petite taverne de Tarabat, un homme alla à sa rencontre. C'était un grand chevalier, vêtu d'une brillante armure. Glaurung se souvint l'avoir croisé dans un tournoi. L'homme engagea le dialogue :

- Bonsoir, je me nomme Galaan. Comment puis je vous appeler ?
- Glaurung, chevalier de la Croix-Noire.
- Alors bonsoir Glaurung. Je me souviens vous avoir vu combattre dans un duel lors de la dernière journée de tournoi. Vous m'avez impressionné. Mais puis je vous demander si vous combattez déjà pour quelque ordre ?
- Non, je suis solitaire.
- Seriez vous intéressé pour rejoindre la Commanderie d'Almenor ? Cet ordre est en pleine expansion et ne saurait tarder à devenir l'un des plus puissants de Tanoth.
- Non merci, je fait route seul depuis le début de mon existence.
- N'avez vous donc pas conscience des dangers et des démons qui hantent ce pays ?

Cette question ébranla Glaurung. Le souvenir de son père tué par un monstre indescriptible était encore douloureux. Il y eu un long silence avant qu'il ne daigne répondre.

- J'en ai malheureusement trop conscience.
- Alors, faire route avec nous pourrait vous ôter la peur qu'ils vous procurent.

Glaurung frappa du poing sur la table.

- Je n'ai pas peur des horreurs de ce monde ! Je viens du Nord, je suis imperméable à la peur. J'ai déjà combattu une dizaine de bêtes hideuses avec la seule épée de mon père ! Osez dire encore une fois que je suis hanté par la peur !

Cette réponse augmenta l'intérêt de Galaan pour Glaurung.

- Bien. Je vous laisse. Si jamais vous changez d'avis, passez à la forteresse à la sortie ouest de la ville, vous serez le bienvenu.

Galaan fit quelque pas dans la Taverne, se retourna et adressa à Glaurung.

- Les plus grands dangers de monde sont inconnus. Si vous souhaitez les rencontrer, vous ne pourrez y arriver seul.

Sur ces paroles, le chevalier sortit de la bâtisse. Glaurung, lui, restait seul à sa table, méditant sur ces derniers mots prononcés par Galaan. Son esprit était envahit de pensées sombres. Il réalisa qu'entrer dans l'ordre de Galaan pourrait lui éviter de sombrer dans une folie meurtrière. Ces réflexions lui faisait mal à la tête. Il commanda une chambre et alla se reposer.

Le lendemain, il galopait en direction du Massif des Nains où une bête semblable à celle qui tua son père rodait. Arrivé à destination, il cacha son cheval parmi les rochers et entreprit son expédition. Des heures passèrent et il n'avait vu aucun signe de la présence du monstre.
Soudain, il entendit des pas au détour d'un virage du chemin qu'il empruntait. Il se cacha derrière des roches et se posta près à bondir. Observant la route, il vit que ce qu'il pensait être la bête n'était autre qu'un homme, mais un homme pas comme les autres. Badelth en personne, le chevalier qui l'avait sauvé et élevé. Certes bien plus vieux, mais toujours la même démarche et prestance. Il sortit de sa cachette et se dirigea vers lui. Badelth, voyant Glaurung, ne le reconnut pas au premier abord mais lorsqu'il réalisa qui était l'homme qui marchait vers lui, il ne put s'empêcher de pleurer. Les retrouvailles furent chaleureuses, et Badelth invita Glaurung dans sa bâtisse de la petite forêt jouxtant le Massif des Nains.

- Comment vas tu depuis toutes ces années ? demanda Badelth.
- Te répondre que je vais bien serait hypocrite. J'ai l'impression de sombrer dans une folie morbide. J'ai toujours envie de tuer, et cette envie n'est que croissante.
- Ta solitude n'y est sans doute pas étrangère. Tu dois nouer des contacts avec les gens de ce pays.
- A ce propos, un certain Galaan m'a proposé de rentrer dans son ordre, une certaine Commanderie d'Almenor. Cela t'inspire t-il confiance ?

Le nom d'Almenor n'était pas inconnu de Badelth. Il le connaissait même très bien.

- Oh que oui, et crois moi tu ne dois en rien refuser cette offre. Ton salut passe par là. De plus, cela te permettra d'apprendre certaines... choses sur ton passé.
- Quelles choses ? demanda Glaurung, intrigué.
- Il est donc temps de te révéler une part de ton histoire. Tu viens du village de Kazabat, comme tu le sais, situé dans les Terres du Nord. Mais tu ne connais pas son origine. Tu n'est pas un humain comme les autres, tu es un Nordique, peuple qui vivait il y a longtemps dans les terres les plus au Nord que l'on connaisse. Un jour, ton peuple entreprit une expédition pour découvrir de nouvelles terres au Sud. Quelques centaines de personnes se portèrent volontaires et commencèrent un long voyage, jusqu'au jour où ils fondèrent Kazabat. Ce ne devait être qu'une parenthèse de quelques mois dans leur tâche mais finalement ils y restèrent bien plus longtemps. A force Kazabat et les terres qui l'entourait furent rattachés à l'Almérie du temps du roi Duncan. Le glorieux royaume d'Almenor.
Mais un jour les orcs ont débarqué du Nord-Ouest et se sont installés entre l'Almérie et Kazabat. Les habitants se sont retrouvés isolés du reste du royaume. La suite tu la connais, les orcs ont ravagé l'Almérie et vaincu Duncan à Almenor.
- Et donc je serais un Almérian ?
- Plus ou moins. Par tes origines tu ne l'es pas mais si on considère Kazabat comme ton lieu de naissance, tu l'es.
- Mais mon peuple habite-t-il toujours dans les lointaines contrées du Nord ?
- A part les anciens habitants de Kazabat, ton peuple n'existe plus. Les orcs ont envahit l'Almérie par le Nord. Je pense que l'expédition qu'a lancé le souverain de ton peuple a, sans s'en douter, sauvé sa civilisation.

Ces révélations soudaines éclairaient l'esprit de Glaurung. Ses origines profondes enfin révélées et le fait qu'il fut un jour résident d'Almérie lui ôtèrent tout doute sur la proposition de Galaan.

- Il y a autre chose que tu dois savoir : la... bête... qui a tué ton père, je ne l'ai pas tuée en fait.
- Comment est ce possible ? Ton feu magique aurait du la réduire en cendres.
- Et bien c'est ce qui s'est passé, mais cette chose n'était pas une simple erreur de la nature. C'est un démon, très ancien d'après ce que j'ai pu entendre. Il se serait incarné en créature après avoir perdu son apparence physique suite à un combat contre un puissant magicien. Je n'en sais pas plus malheureusement. Excuse moi de ne pas te l'avoir dit plus tôt, je pensais que cela allait t'anéantir.
- Je ne t'en veux pas, tu as fait cela en pensant bien faire et tu as eu raison. Je vais aller à Tarabat apporter ma réponse à Galaan, et faire tout ensuite pour retrouver ce démon afin de le renvoyer dans le royaume des Ombres.
- Tu ne le vaincra pas aussi simplement que tu le penses. Je te conseille de mûrir cette décision, prends le temps de réfléchir à ce que cela pourrait entrainer si tu échouais.
- J'y méditerai alors.

Après avoir remercié longuement Badelth, il repartit vers Tarabat, dans l'optique d'accepter l'invitation qui lui fut faite et de défendre la mémoire d'Almenor.


Quelques mois plus tard, Glaurung, ayant intégré la Commanderie, avait retrouvé le goût à la vie. Son poste d'archiviste puis celui d'ambassadeur officiel lui permettaient d'acquérir une autre renommée que celle de tuer. Lorsqu'il traversait Tarabat, les habitants ne le dévisageaient plus, au contraire ils lui montraient leur respect. Il était passé du statut de tueur à celui de défenseur du peuple. Les gens n'hésitaient pas à l'inviter à boire un verre, les enfants étaient fascinés par son allure.
Cette reconnaissance acquise, bien que réconfortante et l'ayant sauvé de la folie, ne pouvait occulter son désir de vengeance. Depuis plusieurs semaines, il partait à la recherche d'une quelconque information sur le démon ayant tué son père, il la traquait durant des journées et des nuits entières, mais sans résultat. Il rentrait alors à la la Forteresse de Tarabat, et allait dans la Grande Bibliothèque, dont il était le gérant, pour se plonger dans les livres en quête de connaissances ou simplement afin se reposer. Il attendait un signe, un message lui permettant de retrouver la chose responsable de son malheur, et ainsi se débarrasser de son fardeau.

ton histoire est vraiment bien, donnant des détails et sans trop de fautes ( c´est agréable). Merci de ton récit.

J'ai rédigé une suite à mon histoire qui précise mes origines et mon entrée dans la Commanderie d'Almenor.

Le RP est vraiment bien !
Y aura encore une suite ?

Oui peut être si je trouve un évènement important à raconter.

ok

Merci ça me fait plaisir que ça t'ai plu

Si le projet "mission" se réalise, tu en auras des choses à raconter lol !

Oui ça sera une source d'inspiration je pense

Ah merci, ça me fait plaisir que ça plaise autant Je pensais écrire un truc pas terrible et finalement ba je me rends compte que c'est pas si mal

Et la suite ?

Je viens d'écrire une petite suite qui m'est passée par la tête. Je vais pas tarder à en faire une autre plus complète et plus longue (ce weekend peut être).

J'ai bien aimé la suite mais il y a quelque chose que je comprend pas :
Tu as dit :
"Depuis des années, il partait à la recherche d'une quelconque information sur l'horreur ayant tué son père, il la traquait durant des journées et des nuits entières, mais sans résultat."
Pourtant, la bête n'a pas été tuée par le chevalier qui t'a éduqué ?

C'est vrai que j'ai oublié de corriger dans le début de mon histoire, merci de me le signaler. En fait la bestiole est un démon incarné en quelque sorte, et Badelth a juste tué la bête mais pas le démon. Il faut que je dise ça quelque part, ça m'est venu en cours de route.
Lorsque je ferais le récit de mon affrontement contre le démon, cela me donnera de quoi décrire un combat plus épique, plutôt que tuer une simple créature.

EDIT : voilà j'ai rajouté du dialogue lors de ses retrouvailles avec Badelth et changé le " Depuis plusieurs années " en " Depuis plusieurs semaines ".

lol
OK !

Glaurung a écrit:

J'ai rédigé une suite à mon histoire qui précise mes origines et mon entrée dans la Commanderie d'Almenor.

N'oublie pas d'intégrer Inès . Ta soeur de lait quand tu étais à Kazabat !!
La suite du RP "Deux forteresses, une destinée" approche à grands pas, sanglante, gluante et visqueuse : LA Grosse Tuerie !!

Oui je le ferais bientôt