Galaan contre le chevalier de Pint : prise de 1361 po ! ! !

Il faisait déjà nuit depuis un moment, mais dans ces quartiers les rues étaient encore très animées. Galaan s’arrêta devant la porte d’une Auberge et contempla un instant l’enseigne qui grinçait sur ses gonds. « Auberge des trois coqs ! C’est là… »
Il soupira, et attendit quelques instants pour reprendre son souffle. Il brossa machinalement sa cape et sa cote de mailles, pour en retirer un tant soit peu de poussière. Puis il entra...
La salle était bondée, bruyante et enfumée. Aux tables, des gens mangeaient, buvaient et braillaient. Dans le fond, d’autres dansaient et frappaient des mains autour de quelques ménestrels. Mais ce qui attira tout de suite le regard de Galaan, ce fut l’attroupement autour d’un homme à fière allure. Un chevalier à en juger à sa noble tenue. Il parlait à voix haute, assis à une table placée près d’une cheminée où grillaient encore, même à cette heure tardive, rôtis et chapons. Leur fumet provoqua d’ailleurs immédiatement des crampes d’estomac à Galaan, qui n’avait mangé qu’un quignon de pain sec et quelques fruits dans la matinée.

Mais il ignora sa faim et s’avança immédiatement vers l’homme, qui était sans nul doute celui qu’il cherchait. Le chevalier de Pint, vainqueur des joutes de Tarabat. Il était armé de pied en cap et appuyait son récit de grands gestes, ne s’arrêtant par moments que pour vider un peu plus une énorme chope d’un liquide mousseux. Autour de lui, hommes et femmes étaient admiratifs et ponctuaient parfois son récit d’applaudissements et de cris de joie.Galaan se fraya un passage et s’avança jusqu’à lui. Profitant d’une pause dans le récit il s’adressa au chevalier :
- Es-tu celui qu’on surnomme Killer of Pint ? Le vainqueur du tournoi d’aujourd’hui ?
Tous les visages se tournèrent vers l’étranger qui osait interrompre le héros du jour. Le chevalier fronça les sourcils avant de répondre.
- Oui, c’est bien moi… Et toi, qui es-tu ?
- Je me nomme Galaan. Je viens d’Alménor… Je suis venu te défier !
Autour d’eux, quelques personnes se mirent à rire et l’audace de l’étranger provoqua de nombreux murmures.
- J’ai appris pour la chute de ta Cité… Tu m’en vois désolé, mon gars. Mais en quoi cela me concerne ?
- Je suis chevalier, moi aussi ! Alors ne m’appelle pas « mon gars » ! s’emporta Galaan. La chute de ma cité ne te concerne en rien, mais je vais de tournoi en tournoi pour rassembler assez d’argent pour une communauté de réfugiés d’Almérie. Je voulais participer au tournoi d’aujourd’hui, mais mon chariot a cassé une roue, et je suis arrivé trop tard… Je suis donc venu te voir, puisque tu en es le vainqueur. Acceptes-tu mon défi ?
Le chevalier, surnommé « Killer of Pint » lors des joutes, toisa Galaan un instant et soupira avant de lui faire signe de s’éloigner d’un geste de la main.
- Le tournoi est fini, c’est maintenant le moment de s’amuser ! Laisse-nous !

Galaan lança alors sur la table un petit sac de toile qui, en tombant, laissa résonner un bruit métallique ne laissant aucun doute sur la quantité conséquente de pièces qu’il contenait.
- Voilà tout ce que j’ai gagné lors de mes précédents tournois. Il y a au moins quatre cents pièces d’or… Je te les cède comme enjeu à notre duel. A moins que tu aies peur ?
Pour toute réponse, l’homme afficha un sourire suffisant, et leva sa chope vers l’assemblée.
- Très bien ! Je relève le défi de l’étranger !
L’assemblée applaudit son héros et lui fit place tandis qu’il vidait sa chope et indiquait à Galaan la direction de la sortie. Ils furent suivis dans la rue par la clientèle de l’auberge, ravie d’assister à ce spectacle inattendu…

Arrivé dans la rue, Galaan posa à terre son sac d’or. Le chevalier de Pint déposa lui aussi un petit sac, duquel il sortit un coffret. Il expliqua qu’il y gardait lui aussi les gains de ses précédents tournois. Sûr de lui, il déclara même en riant qu’il y ajouterait bientôt l’or de Galaan. Puis, sous les acclamations d’une foule qui lui était acquise, il dégaina son épée et se mit en garde.

Galaan soupira. Il n’était pas particulièrement rassuré, mais il n’avait plus le choix. Et il avait trop besoin de cet or pour renoncer à tenter sa chance. Il mit fin à l’attente en chargeant le premier.

Les deux hommes échangèrent les premières passes d’armes. Le chevalier de Pint, vainqueur de nombreux tournois, surpassait indéniablement Galaan en technique et en adresse. Mais le chevalier d’Almérie avait pour lui la rapidité et la rage de vaincre. Il ne luttait pas seulement pour remporter un duel. Il luttait pour sa cause. Pour son retour chez lui…Il luttait pour les siens…

Rapidement, le chevalier de Pint perdit son sourire. S’il parvenait aisément à contrer les attaques de Galaan, ce dernier ne lui laissait pas le temps de placer le moindre enchainement ni aucune de ses bottes favorites. La violence de son adversaire le forçait même à reculer…

Le chevalier de Pint refusa de céder plus de terrain et prit le risque d’ouvrir sa garde pour pouvoir porter au moins un coup. Tant pis s’il encaissait une blessure de plus. En visant bien et en portant un coup suffisamment rude, il pouvait mettre fin à l’impertinence de ce chevalier errant ! Mais Galaan fut plus rapide et détourna son bras du plat de l’épée, puis le frappa au torse et abattit finalement son épée sur le heaume du chevalier qui, sonné pour le coup, trébucha et s’affala de tout son long…

Les gens autour d’eux, surpris de voir ainsi leur héros aussi vite battu, restèrent interdits quelques instants. Puis finalement, on commença à applaudir Gallan, puis à l’acclamer. L’Almérian se contenta d’un bref salut de la main à la foule, qui retournait déjà à ses occupations. Galaan s’approcha du chevalier de Pint et lui tendit une main pour l’aider à se relever. Une fois remis sur pieds, le vaincu retira son heaume et se massa les tempes pour finir de reprendre ses esprits. Galaan, lui, s’agenouilla près du coffret et l’entrouvrit. Il écarquilla les yeux en découvrant la somme. Plus de mille pièces d’or ! ! !
- Mes gains des six tournois précédents ! ragea le chevalier de Pint. Je ne te croyais vraiment pas capable de… Si j’avais su…
Galaan vida finalement son sac dans le coffret du chevalier, se releva et le salua sobrement. Et tandis qu’il s’éloignait le chevalier de Pint leva le poing vers lui.
- Mais la prochaine fois je serai plus méfiant ! Tu me le paieras ! Nous nous retrouverons !

Galaan baissa les yeux vers le coffret et entrouvrit son couvercle pour en contempler le contenu. Il sourit avant de répondre.
- Oh ! Pour ça… Oui ! Je pense que nous nous reverrons… Nous nous reverrons très bientôt !